Marie Andersen

BON SEXE, BON GENRE !

Paru en septembre 2015

Les hommes et les femmes sont différents, c’est une évidence qui saute aux yeux. Mais pourquoi ? Jusqu’où ? Comment ? Et qu’est-ce que cela implique dans les relations qu’ils entretiennent ?

On ne peut réfléchir lucidement à l’évolution du couple, ni à la place de chacun et chacune dans la société occidentale d’aujourd’hui, si l’on fait l’impasse sur une interrogation pointue quant à ce qui constituerait la nature fondamentale de chaque sexe. Sans cela, l’analyse des charges et des obligations qu’on impute aux unes et aux autres ne peut que se référer jusqu’à l’usure à des conventions et des stéréotypes qui figent notre culture depuis trop longtemps.

On a besoin de repères, c’est normal, mais la plupart des gens souhaitent se tenir correctement informés pour éviter toute forme de sexisme et élever leurs enfants avec intelligence, afin de leur garantir un maximum de possibilités d’épanouissement dans le respect de leur personnalité singulière, quel que soit leur sexe.

Comprendre que nos comportements, nos attitudes habituelles, nos craintes, nos hontes et notre sens du devoir reposent largement sur des conditionnements liés à notre sexe est le premier pas vers plus de liberté.

Dans ma consultation, je reçois de nombreuses personnes qui consacrent du temps et de l’énergie pour retrouver leur nature propre, singulière et originale, dégagée de tout le formatage de leur enfance, et en particulier concernant les rôles sexués. Des femmes, dont le tempérament de petite fille vive, enjouée ou volontaire, a été consciencieusement bridé par une éducation « appropriée », pour en faire des femmes. Des hommes qui ont appris à étouffer tout un pan de leur sensibilité, à ignorer leurs émotions et à s’endurcir pour devenir des hommes. Aujourd’hui, les unes comme les autres sont malheureux. Ils ont une manière d’être au monde qui, intimement, ne leur convient pas, comme s’ils jouaient un rôle et cachaient derrière une façade une partie inaboutie de leur personnalité, plus riche ou plus nuancée, qui n’a jamais pu pleinement s’épanouir et qui n’ose toujours pas exister au grand jour.

L’axe central de cet ouvrage explore ce qui sous-tend les notions de masculin et de féminin, il s’adresse à toute personne qui souhaite approfondir sa propre construction identitaire, afin d’améliorer ses relations avec ses proches ainsi que sa relation à soi. Il veut encourager les lecteurs et lectrices à se donner la permission d’être homme, ou femme, ou un peu des deux, comme chacun l’entend.

À côté de nos fonctions de procréation qui sont incontestablement asymétriques, nous avons cette liberté aujourd’hui, et si nous ne l’exerçons pas, c’est que les barreaux de notre prison mentale sont des idées culturelles, des conventions stéréotypées, des règles et des lois d’un autre âge, et non des impératifs de notre biologie sexuée. Toute société a besoin de structure, mais bien que la nôtre évolue, elle a encore beaucoup de chemin à accomplir, et ne risque pas l’effondrement. Nous pouvons sans crainte continuer à secouer l’échafaudage de la « différence-des-sexes ».

La crainte de voir émerger une société unisexe est une chimère persistante, mais pourtant sans danger ; les hommes et les femmes ont de tous temps entretenu des différences entre eux, qui participent à l’attrait que les uns exercent sur les autres. Une société de liberté ne court pas vers l’uniformité, bien au contraire, elle devient multicolore. En revanche, les différences entre les sexes peuvent aussi être source d’injustice, de contrainte et de domination. Et en conséquence de frustration, d’incompréhension et d’hostilité. Ce qui est assez dommage lorsque les spécificités invoquées pour maintenir le déséquilibre ne reposent sur aucune évidence véritablement démontrée.

Faut-il se conformer ou faut-il s’émanciper des normes et des stéréotypes ? Ce livre donne les pistes pour mieux connaître et comprendre la construction de l’identité de genre. Après cette lecture, à chacun de bâtir et d’assumer celle qui lui conviendra. Il ne s’agit pas de renverser l’ordre établi, mais d’explorer nos possibilités de liberté, afin de choisir ce que l’on garde et d’envoyer balader ce qui ne nous convient vraiment pas.